
<< Les hommes, c'est des méchants ... >>
J'ai grandi avec cette phase, et surtout cette conviction.
Tout, dans ma vie de petite fille, puis ado et jeune femme, me le confirmais, d'ailleurs :
... mon père biologique absent, mon beau-père et mon frère violents, ma mère abandonnée avec 3 enfants en bas âge ...
... le journal du coin annonçant un viol après l'autre, mon entourage de femmes victimes de tout forme d'abus - ce qui m'a poussé pour la suite à me former à l'accompagnement des victimes de violences sexuelles, entre autre ...
... mon propre cercle amicale et familiale, où les hommes passaient souvent à coté de leurs responsabilités en tant que pères et compagnons, en laissant les mères assumer seules le soin des enfants, la charge mentale et les besoins financiers de la famille ...
Ma maison à été souvent refuge :
un lieu d'accueil non jugeant pour mes proches en situations d'urgence ...
Souvent des mamans avec leurs enfants : celle qui arrive avec le bras cassé par son mec, l'autre qui découvre après des années que tonton tripote sa fille, puis celle qui reçois encore les coups de son ex, celle qui doit avorter ou accoucher seule car lui s'est barrée avec une autre ...
Accompagner l'humain, ses galères et ses souffrances.
J'ai été témoin, accompagné des démarches légales et des dépôts de plaintes, soigné des bobos et essuyé des larmes, gardé les enfants et rassuré les amies quand "le gros méchant" venait roder en bas de mon immeuble, en cherchant à nous nuire.
Souvent, c'était vraiment pas drôle.
Parfois, sincèrement flippant.
Toujours, frustrant dans la vulnérabilité ou impuissance dont on était otage.
Et on a fait de notre mieux, l'eau a coulé sous les ponts, je me suis construite comme femme adulte, puis comme accompagnante professionnelle, au milieu de tout ce joyeux bordel.
Le vent à viré aussi.
En soufflant des nouvelles histoires dans ma cour ...
Des amis hommes sont venus chercher refuge aussi.
Une oreille où déposer leurs peines, une amitié sans ambiguïté où se sentir accueillis, un repas chaud et un semblant de famille pour passer Noël, quand après maintes batailles ils obtenaient enfin la garde de leurs enfants.
Le nombre de pères que j'ai vu lutter pour ne pas se faire voler leurs enfants ...
Les accusations injustes ou mensongères, pour pourrir leur réputation et les empêcher de pouvoir exercer leur paternité au quotidien.
J'ai découvert les hommes victimes d'abus.
Souvent par des femmes blessées au précèdent par le Masculin, croyant se protéger ou voulant consciemment se venger et les détruire.
J'ai vu tout sorte de choses.
L'Humain dans toute sa splendeur. Et son atrocité.
J'ai aussi vu un nombre incalculable de maris et pères aimants, au service de leur famille, changeant au quotidien le paradigme du patriarcat dont on est tous et toutes issu.e.s.
J'ai vu beaucoup, beaucoup d'hommes accueillir leurs bébés à la naissance, prendre au petit soin leur femme avec tendresse, s'investir pleinement dans l'éducation de leurs enfants ...
J'ai rencontré des hommes investis dans la cause féministe, se donner corps et âme à la réalisation de projets au service du Féminin et de l'évolution du Masculin, comme Yoniversel - Festival de la Vulve.
Surtout, j'ai rencontré des hommes sur le chemin de leur propre guérison, et en quête de leur identité dans un monde qui leur donne systématiquement le rôle du bourreau.
Avec le temps, je me suis rendue compte que la violence, elle n'a pas de genre.
Elle appartient à l'Humain, tout simplement.
Hommes, femmes, personnes de tout genre : nous en avons tous et toutes subi ou infligé, sous diffèrent formes, consciemment ou involontairement, à un moment de notre vie.
Et chaque jour, il nous appartient le choix de rester bloqués dans la posture de victime, bourreau ou sauveur ... ou d'avancer vers notre nouvelle identité.
Tout cela, tout ce chemin de guérison personnelle et d'exploration humaine, m'a donné la chance d'organiser 3 puissantes éditions de la rencontre Harmonie-Homme : sur l'identité masculine et la transmission du Rebozo.
Ce furent chaque fois des puissantes expériences, emplies de sensibilité, du divin et de guérison. J'ai pu cultiver ma capacité à faire ce que j'aime le plus faire : transcender les blessures de l'Humain et accueillir ... cette fois, l'Homme.
Je souhaite la paix à toute personne blessée sur cette Terre, et la guérison qui mène à l'harmonie entre les genres. Je continuerai à œuvrer à mon humble échelle pour que ça soit de plus en plus un terrain d'entente, d'amour et de paix.
Avec respect pour le chemin de chacun : Hommes, aujourd'hui je vous honore.
Texte par Maria Libera - Mme Ocytocine
- Merci à mon ami Josselin, sur la photo de couverture, pour sa beauté intérieur et la co-animation de ces espaces sacrés ... - crédit Photo : Estelam
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