"Et je joue mon tambour pour toi"
- Maria Libera
- 6 févr.
- 3 min de lecture
texte par Maria Libera - Mme Ocytocine

"Peut être hier, ou aujourd'hui, et presque demain : tu accouches.
Des mois à t'observer mûrir
nous tissons la confiance,
l'inconnu s'apprivoise, le moment approche.
Ronde, pleine, ton souffle coupé...
vague après vague, tu plonges
dans la traversée vers ton bébé.
Ton complice, serein et solide.
Votre refuge est prêt.
L'heure de la rencontre a sonné.
Et mon tambour s'anime...
Belle. Courageuse. Endormie
Lumineuse dans ta tanière
Tu t'en va
sur ton chemin d'épines, de pétales, de rafales...
Je te suis
de proche, de loin
Chaque touche et chaque son
une vibration
"J'ai peur" et moi pas : c'est ainsi
Qu'on s'aventure dans l'entre-monde
Où la vie et la mort jouent
aux cartes
Et moi je joue mon tambour
pour toi.
Spectatrice discrète, je témoigne
Tes pas qui approchent la porte
Parfois doux, parfois intenses
Tu doutes mais tu continues,
Tu Oses
Et moi avec mon tambour
Je joue
Pleurer l'impuissance,
accepter les nuances
L'ombre,
la chandelle,
les voiles impénétrables de cette nuit trop longue...
Humilité, une leçon
Présence, ma mission
Effacée mais réelle, je te donne
Mon cœur et mes bras
pour qu'il relayent les tiens
Je suis désolée
De ne pas pourvoir marcher ta côte pour toi
Elle est tellement haute
Tu rayonnes, tu t'épuises, tu y mets toute ton âme
Mais la porte reste
entrouverte
Une ligne invisible, incompréhensible, impénétrable
Entre ton bébé et toi-même
Votre fille suspendue à un fil
Fin et fort comme une toile d'araignée
Mais son cœur bat encore et encore
Ce petit corps bouge dans le tien,
cherche l'issue
A quelle heure
on posera le mot "Fin" à ce chapitre
tellement éprouvant ?
Je joue mon tambour
Entre ces murs vides :
Vous êtes partis.
Vers d'autres sauveurs, vers une autre fin d'histoire
Où ma présence est interdite
Humour noir de la vie.
Je doute, enfin
Ma certitude s'effondre
Mes genoux se plient
Mais
... je joue mon tambour pour toi
Maison hantée, mon plexus troué
Je questionne ma mission
Mon existence
Mon cœur
il est tombé.
Apprendre à demander de l'aide
C'est ça qu'elle a dit la sage femme :
A mon tour donc
D'accoucher d'un bout de mon âme
Qui suis suis-je
Qu'est-ce que je fous
A quoi bon ce tambour
Le temps passe.
"Being a midwife : birth breaks our heart on a régular basis"
Les mots de l'expérience.
J'écoute, je creuse, je me laisse
prendre soin.
Les nouvelles, incroyables
Mes gardiennes, toujours à l'appel
On béni la maison, on lave, on met du baume
Ma cocotte vibre d'amour
La joie de te nourrir.
J'admire, remercie, respecte
La vie
Si dure parfois dans ses apprentissages
Ton courage
Votre courage
Et ma place, maintenant encore plus nette.
Je mijote, réinvente, met de l'ordre
Des souvenirs à dépoussiérer
Des blessures à regarder
Mes murer intérieures à repeindre
Je t'attends
Forte et frêle
Comme la Nature
notre première Mère
Le tableau est encore à tisser
Les couleurs à choisir
Les rideaux à reouvrir
Ensembles.
Je garde l'empreinte
Je répare la branche arrachée
Je repars plus sage
Un jour, qui sait, femme-sage...
Je t'attends
Simplement
Dans ma cuisine
Les mains nue
pleines de symboles
Sans mots
Juste mes larmes
Mon sourire
Mes excuses
Et mon tambour
Qui n'a jamais arrêté de jouer
pour ton beau bébé
et pour toi.
Passe ce qu'il se passe, il vibre
Et il vibrera.
Ho'oponoponopono
Texte par Maria Libera - Mme Ocytocine dédié à Malorie, avec tendresse infinie
Comments