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"Et je joue mon tambour pour toi"

texte par Maria Libera - Mme Ocytocine



"Peut être hier, ou aujourd'hui, et presque demain : tu accouches.


Des mois à t'observer mûrir


nous tissons la confiance,

l'inconnu s'apprivoise, le moment approche.


Ronde, pleine, ton souffle coupé...


vague après vague, tu plonges

dans la traversée vers ton bébé.


Ton complice, serein et solide.


Votre refuge est prêt.


L'heure de la rencontre a sonné.



Et mon tambour s'anime...



Belle. Courageuse. Endormie


Lumineuse dans ta tanière


Tu t'en va

sur ton chemin d'épines, de pétales, de rafales...


Je te suis


de proche, de loin


Chaque touche et chaque son

une vibration



"J'ai peur" et moi pas : c'est ainsi


Qu'on s'aventure dans l'entre-monde


Où la vie et la mort jouent

aux cartes


Et moi je joue mon tambour


pour toi.



Spectatrice discrète, je témoigne


Tes pas qui approchent la porte


Parfois doux, parfois intenses


Tu doutes mais tu continues,


Tu Oses


Et moi avec mon tambour


Je joue



Pleurer l'impuissance,


accepter les nuances


L'ombre,


la chandelle,


les voiles impénétrables de cette nuit trop longue...



Humilité, une leçon


Présence, ma mission


Effacée mais réelle, je te donne


Mon cœur et mes bras


pour qu'il relayent les tiens



Je suis désolée


De ne pas pourvoir marcher ta côte pour toi


Elle est tellement haute



Tu rayonnes, tu t'épuises, tu y mets toute ton âme


Mais la porte reste


entrouverte



Une ligne invisible, incompréhensible, impénétrable


Entre ton bébé et toi-même



Votre fille suspendue à un fil


Fin et fort comme une toile d'araignée


Mais son cœur bat encore et encore



Ce petit corps bouge dans le tien,


cherche l'issue


A quelle heure

on posera le mot "Fin" à ce chapitre

tellement éprouvant ?



Je joue mon tambour


Entre ces murs vides :


Vous êtes partis.



Vers d'autres sauveurs, vers une autre fin d'histoire


Où ma présence est interdite



Humour noir de la vie.



Je doute, enfin


Ma certitude s'effondre


Mes genoux se plient


Mais


... je joue mon tambour pour toi



Maison hantée, mon plexus troué


Je questionne ma mission


Mon existence


Mon cœur


il est tombé.



Apprendre à demander de l'aide


C'est ça qu'elle a dit la sage femme :


A mon tour donc


D'accoucher d'un bout de mon âme



Qui suis suis-je


Qu'est-ce que je fous


A quoi bon ce tambour



Le temps passe.



"Being a midwife : birth breaks our heart on a régular basis"


Les mots de l'expérience.



J'écoute, je creuse, je me laisse

prendre soin.



Les nouvelles, incroyables


Mes gardiennes, toujours à l'appel


On béni la maison, on lave, on met du baume


Ma cocotte vibre d'amour

La joie de te nourrir.



J'admire, remercie, respecte


La vie


Si dure parfois dans ses apprentissages


Ton courage


Votre courage


Et ma place, maintenant encore plus nette.



Je mijote, réinvente, met de l'ordre


Des souvenirs à dépoussiérer


Des blessures à regarder


Mes murer intérieures à repeindre



Je t'attends


Forte et frêle


Comme la Nature


notre première Mère



Le tableau est encore à tisser


Les couleurs à choisir


Les rideaux à reouvrir


Ensembles.



Je garde l'empreinte


Je répare la branche arrachée


Je repars plus sage


Un jour, qui sait, femme-sage...



Je t'attends


Simplement


Dans ma cuisine


Les mains nue


pleines de symboles


Sans mots


Juste mes larmes


Mon sourire


Mes excuses


Et mon tambour



Qui n'a jamais arrêté de jouer


pour ton beau bébé


et pour toi.



Passe ce qu'il se passe, il vibre


Et il vibrera.



Ho'oponoponopono


Texte par Maria Libera - Mme Ocytocine dédié à Malorie, avec tendresse infinie

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